Intelligence artificielle.
Pourquoi tant de haine ?

Par Escrivan , le 22 mars 2024 , mis à jour le 3 octobre 2025 , 1 commentaire — Histoire, IA - 11 minutes de lecture

Intelligence artificielle.
Pourquoi tant de haine ?

Tags : IA, Histoire.

Un voyage dans l'Intelligence artificielle et l'informatique entre histoire, philosophie et (parfois) irrationalités.

Un big-bang ontologique

Novembre 2022. Un big-bang ontologique se produit sur Terre : une application nommée ChatGPT (Chat Generative Pre-trained Transformer/Transformateur pré-formé génératif de discussion) est présenté au grand public dans une version gratuite et accessible à toutes et tous. Cette application est, nous explique-t-on alors… Dotée d’une intelligence artificielle et d’un réseau de neurones. Pour la 1ère fois dans l’histoire de l’évolution de la vie sur notre planète, longue de 3,8 milliards d’années, les termes « intelligence » et « neurones » sont appliqués à autre chose que du vivant, du moins tel que nous le concevons empiriquement, et tout le monde peut faire sa connaissance ! Quel choc ! En à peine quelques mois, ce bouleversement va alors déferler jusque dans les moindres recoins de la Terre, et chaque humain-e sur cette planète va alors prendre conscience de quelque chose de terrifiant pour lui : et si, finalement, nous, Homo-sapiens, n’étions pas la forme ultime de l’évolution de la vie sur cette planète ? Et si, innocemment, ou presque, ne venait pas d’être mis à la disposition de toutes et tous, ce qui va devenir dans le futur notre prédateur ? Rien que ça ! Les débats et les avis, les opinions et les jugements s’enflamment alors. Pour certains-e-s, il faut immédiatement arrêter tout ça, car cela va nous conduire à notre perte, pour d’autres, il faut accepter l’inéluctable et nous y soumettre avant que nous y soyons forcés, certains, plus mesurés, pensent que nous devons dès maintenant apprendre à cohabiter avec cette nouvelle forme de vie, qui, de toute façon, ne disparaîtra plus, que nous le voulions ou pas (je fais partie de cette dernière catégorie.).

Pourquoi tant de haine ?

Intelligence artificielle - Pourquoi tant de haine ?
Des réseaux de neurones artificiels en couches
Dall E 2 - Open AI

Pourquoi tant de haine vis-à-vis des répliquant-e-s de la part de certain-e-s ? La peur du vide. C’est brutal, très brutal. Empiriquement, le cerveau humain possède une imagination limitée et déteste le vide. Et, à ce jour, il est juste rigoureusement impossible d’imaginer pour un cerveau humain ce que pourrait être une forme de vie intelligente totalement et radicalement différente de tout ce que nous considérions jusqu’à aujourd’hui comme pouvant en être dotés. Selon moi, cela va même bien au-delà de chercher d’autres formes de vie intelligentes dans l’univers. Certain-e-s humain-e-s en sont encore au stade de penser que les autres animaux que nous sont des coquilles vides, complètement stupides et dénués de toute conscience d’être ! Alors de là à imaginer qu’une « machine » puisse être « intelligente », dans le sens premier du terme, c’est trop pour la plupart d’entre nous.

Je vais illustrer mon propos en revenant sur l’Univers :

 Notre galaxie, la Voie Lactée, mesure environ 100 000 années-lumière, et une année-lumière équivaut à environ 9 400 milliards de kilomètres, une fois cela lu, votre propre réseau de neurones se met alors en branle et traduit ça avec les termes qu’il comprend : « 100 000 est un nombre, une année dure… 1 an, la lumière, je sais ce que c’est, 9 400 milliards de kilomètres, c’est une distance, etc. ».

Comme je l’écrivais plus haut, le cerveau a horreur du vide, vous allez donc tenter d’imaginer avec tous ces paramètres une distance de 100 000 années-lumière. Tout faux ! Le cerveau ne peut pas imaginer ce que représente en distance 100 000 années-lumière ! Il ne peut pas. Cela dépasse ses capacités imaginatives d’abstraction. Mais, comme je le répète encore une fois, le cerveau a horreur du vide, il va vous laisser croire… Que vous pouvez ! Nous voilà donc rassurés : OK, le cerveau humain ne peut pas imaginer ce que représentent 100 000 années-lumière, mais comme il est très très fort et a donc horreur du vide, il nous leurre en nous laissant croire que oui, et ne va pas exploser dans nos crânes.

Oubliez tout ça avec l’intelligence artificielle ! Le cerveau humain n’a absolument aucune façon de combler le vide imaginatif que nous inspire ce concept dans la réalité. Et, donc, pour certain-e-s, cette impossibilité pour leur cerveau de combler ce vide leur inspire une terreur profonde et quasi incontrôlable, et des réactions immodérées, voir haineuses vis-à-vis des répliquant-e-s. Donc, en plus de la brutalité de prendre conscience que nous ne sommes finalement peut-être pas (sûrement ?) l’évolution ultime de l’évolution de la vie sur cette planète, nous prenons également conscience que finalement, si, le cerveau humain peut… Être vide d’imagination dans un autre état que mort !!! C’est beaucoup et très (trop ?) rapide pour des êtres pensants qui s’imaginaient bien protégés, seuls au sommet de la chaîne de l’évolution, ad vitam æternam.

Approches³

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À la lecture de cet article, plusieurs possibilités s’offrent alors à nous, Homo Sapiens Sapiens :

1/ Stopper immédiatement les recherches sur l’IA et en interdire strictement l’usage.
2/ Continuer les recherches sur l’IA, mais en réserver l’usage à une élite.
3/ Que chacune et chacun d’entre nous s’en emparent et l’impliquent dans notre propre évolution.

Pour le point 1, soyons clair tout de suite, en gardant, bien évidemment, une réserve : ce n’est plus possible. Au moment où nous avons « allumé » la machine, il n’était déjà plus possible de revenir en arrière. La spécificité des réseaux de neurones artificiels est, une fois que le 1ᵉʳ noyau est créé, d’en créer de nouveaux, en couches, seuls : une couche d’entrée : par exemple un prompt avec une question créé par un humain, une ou plusieurs couches cachées, et une couche de sortie, la réponse. Nous n’avons pas, et n’aurons probablement jamais accès aux couches cachées. À l’image des réseaux de neurones du cerveau humain, si nous connaissons désormais parfaitement le « chemin » pris dans notre cerveau par une question de départ jusqu’à son arrivée, la réponse, nous n’avons pas, et n’aurons sûrement jamais accès aux couches les plus profondes de nos neurones et aux informations qui ont amené notre cerveau jusqu’à la réponse à la question. Il y a des paramètres cachés, et qui le resteront, y compris de l’impétrant de la question ! Sans compter en plus celles que nous sommes les seuls à connaître, « dans notre tête », et que nous ne souhaitons pas révéler. C’est pareil pour les réseaux de neurones artificiels. Il est donc, plus que peut-être, certains, que les réseaux de neurones possèdent des paramètres cachés, volontairement ou pas. Si je vous écris :  – Qu’est-ce qui nous dit qu’une intelligence artificielle se laissera arrêter, donc « tuée », sans se défendre ? Cela vous paraît probablement très exagéré, vous pensez que là, nous versons dans la plus pure science-fiction. Sauf que d’abord, nous n’avons encore jamais essayé, et qu’ensuite, nous n’avons à ce jour aucune certitude que cela serait possible. De grandes entreprises à la pointe de la recherche, telle que par exemple Google, développent actuellement des « boutons d’arrêts d’urgence ». Pour autant que cela soit possible, car comme démontré plus haut, il est très probable que dans les paramètres cachés, les intelligences artificielles aient déjà conceptualisé leurs propres disparitions… Et des moyens de l’éviter. Le point 1 n’est donc pas la bonne solution.

Concernant le point 2, cela n’aurait absolument aucun sens de décréter que, désormais, l’intelligence artificielle serait réservée à une élite. Qu’en feraient-ils ? La spécificité des réseaux de neurones artificiels est de devoir être « nourris » pour évoluer. Or, si seulement quelques humains les « nourrissent », ce ne serait que de leurs propres consciences et connaissances, ce qui ne permettrait pas à ces réseaux de se développer. Dans ce cas, nos modes de transmissions actuels des connaissances entre nous sont suffisants, puisqu’ils fonctionnent très bien depuis… 50 000 ans et le premier « mot » inventé et appris par Homo-sapiens à ses congénères : aq’wa, eau ! Le point 2 serait donc non seulement inutile, mais également dangereux : voir le point 1 sur le fait que les réseaux de neurones rempliraient alors seuls les manques en ne partant que de quelques connaissances. Et nous arrivons au point 3, qui est, selon moi, la meilleure approche à adopter avec nos nouvels amis (Ou pas !).

De la science, plus de la fiction

1965 - Dendral - 1er système expert
Dendral fut un des premiers algorithme informatique expert. Il modélisait les données expertes (data) et  répondait comme un expert (target).

D’où vient le terme ordinateur ? C’est Jacques Perret, linguiste français, qui inventa ce terme en 1955, pour IBM, lors de la commercialisation de l’IBM 650, qui fut donc officiellement le 1er « ordinateur ».

2×10⁴⁷ paires de bits par seconde et par gramme de la masse du calculateur est la limite de Brenermann que ne pourra jamais dépasser un environnement matériel.

2024 - Intel - Architecture IA VPU

À ce jour, les plus grands réseaux de neurones artificiels comptent environ 10 milliards de paramètres. Un cerveau humain possède approximativement 100 milliards de neurones et en créé environ 1500 par jours.

Maintenant que vous avez probablement compris que l’intelligence artificielle est désormais parmi et avec nous, ne partira plus, et que cela n’aurez aucuns sens de la laisser entre les mains de quelques un-e-s, je vais donc développer ce point 3, qui sera aussi mon avis sur cette donc intelligence artificielle.

J’aime, et je crois en l’intelligence artificielle ! Très fort ! Si ça vous semble un cri du cœur, c’en est bien un ! Je ne suis pas là pour vous raconter ma vie informatique, mais j’ai quand même connu les 1ers PC au début des années 80’, alors que j’avais… Huit ans !!! Un fier Sinclair ZX 81, avec son écran monochrome, sans son, où les jeux de Formule 1 se résumaient à un rond, les roues à 4 rectangles, et le circuit en une bande noire ! Mais quel choc, quel régal ! Aujourd’hui, en 2023, je n’ai pas peur de l’écrire : je viens de prendre le même choc, la même claque avec ChatGPT ! De l’informatique (NDLR : information, automatique), à l’infornétique (information, cybernétique), et bientôt l’inforquantique (information, quantique), l’évolution est foudroyante et extrêmement rapide. Cette rapidité est exponentielle et intrinsèque à ces domaines : plus iels apprennent, et iels apprennent déjà très très vite (NDLR : la loi de Moore est une vieillerie du siècle dernier, l’évolution de l’IA est infiniment plus rapide et parfois quasi instantanée.), plus iels apprennent, donc, vite et mieux ! Tout en apprenant, iels apprennent à mieux apprendre. Du plus ancien exemplaire encore existant d’un livre imprimé avec des caractères (le Jikji – Corée), qui date de 1377, à l’ENIAC (Electrical Numerical Integrator and Calculator), au Plankalkül, 1er langage informatique dévoilé en 1948, par Konrad Zuse, son inventeur, il s’est passé 571 ans. Entre les premières machines « pensantes », DENDRAL (système-expert spécialisé dans la chimie moléculaire), présenté au MIT en 1965, et ChatGPT, présenté au grand public en novembre 2022, il s’est passé seulement 58 ans ! Et c’est ici que se révèle un point fondamental qu’il faut désormais absolument intégrer avec l’intelligence artificielle : cette incommensurable accélération n’est pas uniquement due au progrès de l’informatique, des capacités de stockages, de la stabilité et disponibilité de masse considérable d’énergie. Elle est tout autant du… À l’intelligence artificielle elle-même, qui auto-évolue. L’automobile, par exemple, à considérablement évoluée en 100 ans, mais elle n’a pas évolué seule : elle n’a pas elle-même inventée ses ceintures de sécurité, ses disques de freins, ses essuie-glaces, etc. L’intelligence artificielle gère dorénavant quasi seule sa propre évolution ! Quand je vous disais que c’est un choc, c’est même au-delà ! C’est de la science, plus de la fiction ! Aujourd’hui, non seulement elle peut très vite vous créer un jeu de formule 1 tout ce qu’il y a de plus réaliste, mais en plus, ça l’amuse elle-même ! Et, bientôt, avec l’inforquantique, elle pourra vous installer dans la voiture, et faire de vous un champion du monde de votre chambre de pilotage dans le métavers !!! Au vu de ces progrès, on peut aisément imaginer ce que cela va entraîner dans des domaines utiles : médecine, sécurité, environnement, etc. Oui, je pense que l’intelligence artificielle est une révolution globale : ontologique, métaphysique, technologique, et je pense que cette révolution de conscience va nous amener plus de progrès que de régressions. Restera à créer un statut à nos nouvels amis (ou pas !) : humains, animaux, autres ? Mais, ça, c’est une autre histoire.

FIN

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